La controverse des SMHF : quand la micro-holding familiale franchit la ligne rouge

Depuis quelque temps, un sigle circule dans les milieux de la gestion de cabinets dentaires et autres professionnels libéraux de santé : SMHF, pour « Société Micro Holding Familiale ».

DerriĂšre cette appellation anodine se cache une pratique de plus en plus rĂ©pandue — et controversĂ©e — dans l’univers des professions libĂ©rales rĂ©glementĂ©es, notamment chez les chirurgiens-dentistes.

Une construction juridique « inventive »  mais sans fondement lĂ©gal

La SMHF est présentée comme une société ayant vocation à regrouper les participations détenues par un praticien et ses proches, souvent sous couvert de « gestion patrimoniale familiale ».

En réalité, cette structure est parfois utilisée pour contourner une rÚgle claire du Code de la santé publique :

Seuls les chirurgiens-dentistes peuvent détenir, directement ou indirectement, des parts de SELARL exerçant la profession de chirurgien-dentiste.

Or, la SMHF n’a aucune existence juridique reconnue. Le terme ne figure dans aucun texte lĂ©gislatif ou rĂ©glementaire, ni dans le Code de commerce, ni dans le Code de la santĂ© publique. Il s’agit d’un montage purement contractuel, imaginĂ© pour insĂ©rer un maillon supplĂ©mentaire entre le praticien et sa sociĂ©tĂ© d’exercice, dans l’idĂ©e de permettre Ă  des proches — non professionnels de santĂ© — d’avoir un droit de regard ou une part du capital.

Il y a aussi derriĂšre cette appellation l’idĂ©e de developper un patrimoine immobilier grĂące Ă  la performance financiĂšre d’un cabinet dentaire, c’est du marketing car cela parle Ă  tous, c’est trĂšs vendeur mais aussi dangereux qu’illĂ©gal.

Un contournement des rÚgles déontologiques

Le problĂšme est double.

D’abord, la structure viole le principe d’indĂ©pendance professionnelle, essentiel dans les professions de santĂ©. La dĂ©tention directe ou indirecte par des tiers, mĂȘme familiaux, remet potentiellement en cause cette indĂ©pendance.

Ensuite, elle constitue une infraction aux rĂšgles de dĂ©tention du capital des SEL : les participations, mĂȘme via des sociĂ©tĂ©s interposĂ©es, doivent ĂȘtre strictement rĂ©servĂ©es aux professionnels autorisĂ©s.

En d’autres termes, si une SMHF dĂ©tient des parts d’une SELARL ou d’une HOLDING SPFPL et que l’un de ses associĂ©s n’est pas chirurgien-dentiste, le montage est juridiquement irrĂ©gulier. Il peut entraĂźner des sanctions disciplinaires, fiscales et pĂ©nales, ainsi que la nullitĂ© des parts sociales dĂ©tenues.

Une pratique encouragée par méconnaissance ou complaisance

Dans certains cas, ces montages sont mis en place sur conseil de cabinets de gestion ou d’experts-comptables peu familiers avec la rĂ©glementation spĂ©cifique des professions de santĂ© ou plus simplement par des experts « border-line » qui exposent dangereusement leurs clients.

La dĂ©nomination « SMHF » peut donner une apparence de lĂ©gitimitĂ© Ă  une structure qui n’en a aucune.

Cette zone grise entretient une forme d’ambiguĂŻtĂ© : tant que le montage n’est pas dĂ©noncĂ© ou contrĂŽlĂ©, il peut perdurer, au risque d’exposer lourdement ses initiateurs.

Vers une nécessaire clarification

Face Ă  la multiplication de ces pratiques, plusieurs conseils de l’Ordre et instances professionnelles ont commencĂ© Ă  mettre en garde contre les SMHF, rappelant que :

  • la crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© interposĂ©e ne permet pas de contourner les rĂšgles de dĂ©tention du capital ;
  • la transparence sur la structure de dĂ©tention est obligatoire ;
  • la responsabilitĂ© du praticien reste entiĂšre en cas d’irrĂ©gularitĂ©.

En dĂ©finitive, la SMHF n’est pas un outil d’optimisation, et il convient toujours d’exposer son projet au conseil de l’Ordre afin d’en valider la lĂ©galitĂ©.

Le besoin de souplesse patrimoniale des praticiens est lĂ©gitime, mais il doit s’exprimer dans le respect du cadre lĂ©gal, par exemple via des holdings professionnelles dĂ»ment constituĂ©es et dĂ©tenues exclusivement par des confrĂšres autorisĂ©s.

Si vous avez davantage de questions sur ce type de structure n’hĂ©sitez pas Ă  prendre contact avec nous.

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